Nouveau venu dans l’équipe du Rafale Solo Display, le Capitaine Bertand « Bubu » Butin accepté de nous accorder une interview après son époustouflante présentation lors du meeting du Touquet.
Entré dans l’Armée de l’Air en 2002, il devient pilote de mirage F1 CR en 2006 au 1/033 Belfort. Il passe ensuite pilote instructeur sur Epsilon, en 2009, avant de devenir équipier de la patrouille Cartouche Dorée durant 3 saisons. De retour en unité, il sera pilote de Rafale au NeuNeu de 2012 à 2017. Son expérience lui permet d’intégrer, en 2017, l’escadron de chasse et d’expérimentation du 1/030 Côte d’argent jusqu’en 2020. Là, il intégrera le 3/30 Lorraine, puis 2021 son transfert vers Saint Dizier où il devient instructeur au 3/4 Aquitaine.
Avant de devenir le présentateur du Rafale, il cumulait déjà plus de 3400 d’heures de vol, dont plus de 1200 sur Rafale. Un sacré gage de compétence.
Si je te demande de choisir un avion pour voler demain (sans tenir compte des compétences techniques nécessaires) ?
Le Rafale sans hésiter, c’est un avion magique. C’est un avion extrêmement abouti, avec lequel j’irais au combat les yeux fermés. Il est performant et très simple à piloter, très agréable au niveau des commandes de vol. En démo, je ne me pose pas de question sur le domaine de vol. Tout est protégé, je peux donc me concentrer sur la trajectoire. C’est quelque chose qui est « safe » et très rassurant. Au niveau système, il est également très abouti et très facile d’utilisation. C’est un avion qui est robuste et fiable, il n’y a jamais de grosse panne sur Rafale.
Pour faire mon métier de pilote de chasse, pour rien au monde je n’en changerais !
Comment vit-on le passage du monde discret et privé des pilotes d’expérimentation au monde très public du présentateur Rafale ?
Avant de devenir présentateur, je suis retourné une année au 3/30 comme pilote de combat. Ensuite j’ai été coopté pour rentrer au solo display. En fait ça se passe tout à fait naturellement puisqu’on aborde le Solo Display comme une mission. Pour la démo, je suis quasiment dans le même schéma mental que pour une mission d’entrainement ou de combat. On se prépare mentalement de la même manière. La chose qui change, effectivement, c’est le public. J’avais déjà pu connaitre un peu ça avec les Cartouches Dorés. C’est tellement sympa de pouvoir partager cette passion avec le public.
Le ruban (déroulé de la démonstration) se construit de quelle manière ?
C’est un travail personnel. La première chose que Schuss (pilote précédent du RSD, actuel « Coach ») m’a dit, quand j’ai été coopté, c’est : »prends une feuille blanche et vas-y, fais un ruban ».
Les critères : la démonstration doit tenir dans les 10 minutes, rester dans le domaine de vol de l’avion et que ça ne monte pas plus haut que 5000 pieds. J’ai commencé par m’inspirer des démonstrations des présentateurs précédents. On a une banque de données à l’ETR, que ce soit en tête haute ou en caméra extérieure depuis Rut, Micka, Tao (les premiers pilotes du Rafale Solo Display). Je m’en suis donc inspiré puis j’ajouté ma touche personnelle. J’ai essayé de coller à l’esprit du Rafale Solo Display, c’est à dire à la fois dynamique et proche du public. Ce sont les deux fils conducteurs du ruban. J’ai fait au moins une soixantaine de papiers, déchirés, refaits, gribouillés. C’est là où Schuss est intervenu en me disant « ça, ça ne passe pas, ça, fait le plutôt comme ça ». Il m’a donné des conseils au fur et à mesure de l’élaboration du ruban mais globalement, j’ai eu la liberté totale sur le déroulé de la démonstration.
Comment se passe le choix de la décoration de l’avion ?
C’est un peu comme pour le ruban, j’ai donné la vision de ce que je voulais, un peu l’idée que j’avais de la peinture. Régis « RAGE » Rocca (interview à lire et relire en cliquand ici) a ensuite su traduire ce que j’avais exprimé sur la planche à dessin. On a beaucoup dialogué tous les deux. Il a transcrit ça avec son regard d’expert et d’artiste, parce que moi je ne sais absolument pas dessiner.
On t’a vu te faire malmener à Orange par Schuss, qu’est ce qu’on pense d’un baptême comme ça?
(Pour rappel trois vols sont obligatoire en place arrière avec le RSD précédent)
(Rire) La première chose qu’on pense c’est « OK je ne veux pas y retourner », « c’est complètement débile » et « qu’est ce que je fous la? » (rire). Mais c’était génial ! Alors effectivement, physiquement, quand on fait les premiers « pax », on est pas préparé ni physiquement ni mentalement. C’est vraiment quelque chose à part, la démonstration Rafale, telle qu’elle est faite, c’est vraiment quelque chose d’extrême. Ça demande 6 mois de préparation hivernale pour arriver à ce niveau. Et on continue a progresser ensuite durant la saison. Donc le premier vol effectivement, j’en suis descendu et j’ai dit « bon, j’en ai fait un ça me suffit… », mais il y en a trois à faire…j’ai serré les dents pour le second. Bizarrement le corps s’habitue vite. Le deuxième c’est beaucoup mieux passé. Le troisième j’ai « presque » pris du plaisir. En tout cas j’ai compris des choses, car le premier je n’avais rien compris.
En tout cas, on a pu remarquer que Schuss était tout sourire quand il descendait de l’avion !
Il a un côté un peu sadique …(Rire)
Quel regard portes-tu sur les réseaux sociaux?
C’est un incontournable de la communication, moi, j’avoue que je n’étais pas familier avec Instagram, Facebook, tout ça.. Mais Schuss m’a coaché. Lui, c’est un professionnel, on a également une cellule communication ( Flora que je salue) qui fait un boulot formidable sur la base aérienne de Saint Dizier. Elle s’occupe justement de ce volet web. On essaie de publier régulièrement sur le site ce qu’on fait le week-end pour que les gens puissent suivre l’équipe. On essaie de communiquer via tous ces canaux de communications pour mettre en valeur l’équipe.
Il faut bien avoir en tête que je ne suis pas seul dans l’équipe : il y a le coach, une équipe de mécaniciens… Le Rafale Solo Display c’est tout une équipe, on essaie de montrer tout ce qu’on fait.
Le solo display, c’est l’aboutissement d’une carrière?
Non pas du tout, Schuss utilise d’ailleurs une très belle expression : « c’est la cerise sur le gâteau ». Notre carrière c’est le gros gâteau qu’on a mangé pendant 20 ans. Moi je me suis régalé dans tout ce que j’ai fait. Mon rêve c’était d’être pilote de chasse. Je ne voulais pas spécialement être Solo Display quand je suis rentré dans l’Armée de l’Air. Au fur et à mesure, en voyant la Patrouille de France, les présentateurs, je me suis dis que ça pourrait être bien de finir ma carrière la dessus. C’est le fait de pouvoir manœuvrer l’avion et d’avoir un peu ce côté de créativité dans un monde où on est au jour le jour. Tout est très cadré dans nos missions, pouvoir ainsi échanger avec le public, montrer aussi l’envers du décor, ce qu’on fait en temps que pilote de chasse, c’est vraiment fantastique.
Quand tu vois la ferveur du public, t’attendais-tu à ça?
Non pas du tout, je suis étonné sur chaque meeting, c’est top ! On sent vraiment que les gens ont un ressenti qui est preque viscéral. On a des personnes qui viennent nous voir en disant qu’ils ont eu des frissons. Evidemment c’est sympa mais moi finalement je n’y suis pas pour grand chose. C’est l’avion qui fait du bruit et qui est impressionnant.
Une chose est sûre, si on peut donner un peu de plaisir aux gens et surtout si on peut motiver les jeunes à avoir des buts à atteindre et créer des vocations, alors la mission est accomplie.
Une question qui fait débat : chocolatine ou pain au chocolat?
Moi je dis pain aux chocolat, c’est une évidence…
Merci au Capitaine Bertand « Bubu » Butin pour sa disponibilité et aux cellules communication du RSD et de la base de Saint Dizier sans qui cet échange n’aurait pas été possible.
Vous pouvez retrouver les infos sur le Rafale Solo Display en cliquant ici : Rafale Solo Display
Merci à vous pour cette belle rencontre.Je vis à Cognac et j’ai eu l’occasion d’admirer les prouesses du capitaine Bubu au dernier meeting de 2 jours sur la Base Aérienne. J’ai passé 20 ans dans l’Armée de l’Air comme instructeur simulateur Mirage III E à la 13 de Colmar, puis sur Mirage III R à la Reco de Strasbourg et sur Alphajet à Tours !!! J’ai participé à la formation de la 1ère Patrouille de France sur simulateur Alphajet en 1982. Je suis complètement épaté par le pilotage du Rafale et son domaine de vol.je suivais déjà Tao puis Babouc par les vidéos sur Facebook. Je remercie Bubu pour sa gentillesse et sa disponibilité sur les réseaux sociaux pour l’avoir demandé en ami Facebook. Et lui dire qu’énormément de monde regrette les Cartouche Doré ici.Bonne soir à vous et je vais garder le dialogue de l’entretien avec le capitaine Bubu….