ERIC GERNEZ, DIRECTEUR DES VOLS : LA PASSION AU SERVICE DU SPECTACLE AERIEN

Ancien pilote de chasse, officier général dans l’Armée de l’Air et de l’Espace, et aujourd’hui directeur des vols (DV) lors des manifestations aériennes, Eric Gernez nous partage son parcours et les défis liés à ses responsabilités.

Une carrière ancrée dans l’aéronautique

Passionné d’aviation depuis l’adolescence, Eric commence son parcours aéronautique dans un aéroclub avant de rejoindre l’Armée de l’Air et de l’Espace en tant que pilote de chasse. D’abord sur Jaguar (dont il sera d’ailleurs un des pilote démonstrateur) puis Mirage F1 et enfin Mirage 2000. Son parcours l’a ensuite mené à des fonctions de commandement, notamment à la base aérienne de Cambrai. « Pendant toute cette période, l’aéronautique restait ma passion, que ce soit à travers la voltige ou l’aviation de loisir », confie-t-il. Il devient propriétaire d’un Frati numéro 4 « Rondone » et continue de s’impliquer activement dans l’univers des meetings aériens.

Les qualités essentielles pour devenir directeur des vols

Pour Eric, deux compétences principales sont requises pour être un bon directeur des vols. « Il faut d’abord un solide bagage aéronautique pour comprendre les défis auxquels peuvent être confrontés les pilotes de démonstration. Ensuite, l’expérience de commandement est essentielle pour diriger les activités aériennes au sol et en vol », explique-t-il. Cette expertise lui permet de préparer et de conduire des spectacles aériens le plus efficacement possible, en collaboration avec les autres membres de l’équipe d’organisation, les équipages eux-mêmes et les services de la DGAC.

Devenir directeur des vols, un engagement personnel

Le parcours d’Eric pour devenir DV est le fruit de rencontres et de son souhait de rester actif dans le milieu aéronautique après sa carrière militaire. « J’ai voulu continuer à œuvrer pour l’aéronautique, qu’elle soit civile ou militaire », raconte-t-il. Ayant gardé des liens étroits avec des organisateurs de meetings, il a trouvé dans cette fonction une façon de prolonger sa passion.

La formation pour devenir DV comprend une évaluation des compétences aéronautiques, une formation théorique, et une phase pratique au cours de laquelle le candidat doit participer à deux spectacles en tant qu’apprenti DV. « Cette période permet de transmettre les connaissances et de préparer à la responsabilité qui incombe au directeur des vols », précise-t-il. La validation finale se fait par la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile).

Une responsabilité conséquente

Le directeur des vols occupe une place clé dans l’organisation d’un meeting aérien. « Le DV est désigné par le préfet et il a la responsabilité de diriger les mouvements aériens au sol et en vol, en coordination avec l’organisateur de l’événement », explique Eric. Cette fonction implique une préparation minutieuse, en amont du spectacle, concernant l’organisation des zones publiques, l’emploi de la plateforme aéronautique ainsi que la gestion des axes d’évolution des appareils, pour in fine garantir la sécurité des vols.

Eric souligne les différences entre les configurations de meeting, citant l’exemple du Touquet où les démonstrations se déroulent aussi bien sur l’aéroport que sur la plage. « Chaque environnement apporte ses propres contraintes, qu’il faut anticiper en collaboration étroite avec les autorités locales et les services de contrôle aérien », ajoute-t-il.

Des missions en constante évolution

Au fil du temps, le rôle du DV devient de plus en plus pointu. « Nous devons prendre en compte le nouveau cadre réglementaire mis en place en 2021 ainsi que des contraintes spécifiques, comme les planeurs, paramoteurs ou parachutistes, les démonstrations de nuit…», explique-t-il. Il est également chargé de vérifier les autorisations et certifications des pilotes et de leurs appareils, ainsi que d’approuver les programmes de vol soumis par les équipages. « Nous veillons à ce que les démonstrations soient sécurisées, sans manœuvres dangereuses pour le public », ajoute-t-il.

L’expérience et l’anticipation sont les maîtres mots dans ce travail. « Nous devons parfois demander des dérogations à la réglementation pour permettre certaines démonstrations, comme celle d’avions étrangers ou de plateaux historiques de circonstance, tout en atténuant les risques », explique Eric Gernez. Mais au-delà des règles, « la sécurité prime toujours, même au-delà des cadres législatifs ».

Un travail d’équipe indispensable

« Être directeur des vols, c’est aussi savoir s’appuyer sur une équipe », insiste Eric. Il travaille aux côtés d’un DV suppléant, de responsables de parking avion, et collabore avec les services de secours et de contrôle aérien. « Sans cette équipe, il serait impossible de gérer toutes les facettes d’un meeting aérien, de l’arrivée des appareils jusqu’à leur départ après l’événement », précise-t-il.

Une passion toujours intacte

Lorsqu’on lui demande ce qui lui plaît le plus dans son rôle, Eric évoque la joie de voir des milliers de spectateurs, le regard tourné vers le ciel. « C’est un vrai plaisir de travailler avec des passionnés, qu’ils soient pilotes ou membres de l’organisation », dit-il. Il insiste également sur l’importance d’être à l’écoute des pilotes, afin de répondre à leurs contraintes et de s’assurer qu’ils soient en totale sérénité lors de leurs démonstrations.

Des moments marquants

Au fil des meetings qu’il a dirigés, Eric a vécu de nombreux moments mémorables. « Le meeting de plage au Touquet, avec plus de 100 000 personnes, est incroyable », se souvient-il. Il évoque également avec émotion le meeting de Cambrai, véritable fête populaire orchestrée par des centaines de bénévoles où des avions historiques comme le Junker et le Yak, ou encore le P47 en formation avec deux Rafale, ont offert des démonstrations époustouflantes. « C’est magique de faire voler ensemble ces avions emblématiques », confie-t-il.

Cependant, il admet que certains moments sont aussi source de tension, notamment la gestion de la météo, où des décisions difficiles doivent être prises. « Quand il s’agit de décider de permettre ou d’annuler une démonstration, on prend toute la mesure de la responsabilité qui nous incombe », conclut-il.

En somme, Eric continue de faire vivre sa passion pour l’aéronautique à travers son rôle de directeur des vols, apportant rigueur, expertise et enthousiasme à chaque meeting qu’il dirige.

Un grand merci à Eric pour son temps et sa gentillesse. Une chose est sûre, c’est que nous ne manquerons pas de le recroiser en bord de piste !