Oshkosh : un nom mythique qui sonne familièrement aux passionnés d’aviation. Ce n’est pas le culte d’une ancienne divinité. Tout simplement, c’est le nom d’une petite ville du Wisconsin, au bord du lac Winnebago.
Bienvenue au Wisconsin
Rien ne prédestinait cette ville du Midwest d’être le centre d’autant de passion et entourée d’une telle aura. Quand Paul Poberezny créa l’EAA (Experimental Aircraft Association) en 1953, il n’imaginait pas que 70 ans plus tard, son association regrouperait plus de 300.000 membres dans plus de 100 pays. Initialement le siège de l’EAA était situé à Milwaukee. Le premier fly-in eu lieu à Oshkosh en septembre 1953 avec seulement 22 avions et 150 visiteurs.
Le fly-in de la démesure
Puis le siège de l’EAA se déplacera à OShkosh. L’organisation prendra de l’ampleur tout au long des années. En 1983, le EAA Aviation Museum ouvre ses portes (mais nous aurons l’occasion d’y revenir)
Aujourd’hui, le fly-in des débuts a bien changé. Il est devenu l’EAA Airventure. Il se tient traditionnellement la dernière semaine du mois de juillet. A cette période, le Wittman Regional Airport se transforme en l’aéroport le plus actif du monde. Sur la semaine, ce seront près de 17.000 mouvements d’avions. On compte une moyenne de 113 atterrissages/décollages par heure. Car Oshkosh est l’évènement aérien de la démesure : plus de 10.000 avions au total, 686.000 visiteurs, 861 exposants, 1.600 ateliers. Mais, il a gardé l’esprit des fly-in d’antan, avec les pilotes dormant sous l’aile de leur avion. Mais là aussi, les chiffres donnent le vertige :15.000 places de camping pour 40.000 visiteurs.
Direction Oshkosh
Forcément, tous ces chiffres impressionnent. Aussi, quand il faut franchir le pas et prendre ses billets, j’avoue que j’avais une certaine appréhension. Direction les USA mon billet en poche. j’atterris à l’aéroport international O’Hare de Chicago. Une fois la voiture récupérée, direction plein nord vers Oshkosh, à 3h de route. En réalité, je devais m’éloigner d’Oshkosh pour l’hébergement. En effet, avec une telle affluence, tous les hôtels sont soit complets, soit hors de prix. Si vous décidez de franchir le pas, n’hésitez pas à vous éloigner pour trouver un hébergement. Là-bas, une heure de route c’est être proche ;-).
Une arrivée impressionnante
J’avais la chance de rejoindre des amis sur place. Immédiatement, ils ont tempéré ma tendance naturelle à arriver très tôt sur le meeting. J’avoue que j’avais une certaine appréhension sur les possibles embouteillages. Mais grâce aux 6.000 bénévoles, au nombre de parkings et une organisation réglée comme du papier à musique, l’arrivée sur le site se fait façon très fluide. En approchant de l’aéroport sur l’Insterstate 41, ce qui frappe en premier lieu, c’est l’étendue des parkings avions. Partout des avions, et à côté, sous l’aile, des tentes.
Direction Boeing Plaza
Une fois garé, direction l’entrée. Là aussi, pas d’interminables files d’attente, tout se fait de façon légère, naturelle. Une fois passé l’entrée, direction Boeing Plaza, le cœur battant de cette manifestation. C’est là que se situe les vedettes du rassemblement. Cette année, on pouvait trouver Doc, un des deux seuls B-29 encore en état de vol. A ses côtés, Véra, un des deux seuls Lancaster en état de vol (je sais, je me répète). Boeing Plaza accueillait aussi un B-52, un F-35 et le tout dernier modèle de F-15, le F-15EX.
Un mix du Bourget et d’un fly-in
En se dirigeant vers ces avions iconiques, nous traversons la partie réservée aux exposants. Pour illustrer, c’est Le Bourget des pilotes privés. Que vous souhaitiez acheter un nouvel avion, un moteur, une hélice, des pièces ou de l’avionique, vous trouverez votre bonheur. A proximité, des tentes accueillent des forums, des conférences. Si vous voulez apprendre à entretenir votre avion, le restaurer dans les règles de l’art, c’est le moment.
Un tour sur les parking avions
Puis, vient le moment d’arpenter les parkings avions. Un conseil, prévoyez une bonne paire de chaussures de marche, confortables et déjà rodées. Si vous avez déjà fait le statique du RIAT, vous aurez un petite idée de la distance. Entre les deux extrémités du meeting, on approche les 3 kilomètres. Fort heureusement, des lignes de navette, 5 au total, vous permettent de naviguer entre les différentes zones. Il existe 5 zones sur place : Warbirds, Vintage, ULM, Construction amateur, Hélicoptère et une 6ème zone réservée aux hydravions. Elle se situe à 7 kilomètres, sur les rives du lac Winnebago. Un service de bus la dessert.
Renoncer et profiter
Une fois assimilé le plan et ses subtilités, un constat s’impose pour le spotter compulsif : il est impossible de prendre tous les avions en photo. Il faudra donc renoncer et profiter. De plus, Airventure est vivant, des avions arrivent et partent chaque jour. Le P-51 que vous aviez repéré hier ne sera peut-être plus là aujourd’hui. Cela dit, c’est l’occasion de voir de belles machines, certaines plus rares les unes que les autres. J’ai pu ainsi admirer le SB2C-5 Helldiver du Fagen Fighters WWII Museum qui revolait pour la première fois depuis 79 ans!
Au plus près des avions
Il faut prendre le temps de naviguer entre les avions, profiter de leur proximité. En effet, comme tout fly-in, ici aucun barriérage, aucune rubalise. Vous pouvez approcher les avions au plus près, les toucher (avec précaution). Le public est respectueux, conscient de la valeur de ces machines. Ces machines sont brillantes, rutilantes. D’ailleurs, chaque année, l’élection des plus belles restaurations met à l’honneur le travail de ces passionnés. Cette année, le Grand Champion dans la catégorie des warbirds sera le P-51D NL151JV « Dallas Doll ».
Direction l’airshow
En début d’après-midi, c’est le moment de rejoindre sa place pour admirer les présentations en vol. Une chose remarquable sur un meeting, c’est le respect des spectateurs. Vous pouvez poser votre siège en début de matinée en bord de piste et revenir au moment des présentations, votre fauteuil n’aura pas bougé d’un pouce (On est aux USA). Par contre, oubliez les présentations des meetings européens. Les présentations vous sembleront très banales. Ici, pas de passages à l’anglaise, pas de looping ou autres manœuvres acrobatiques. Les avions décollent, font un ou deux passages à plat puis reviennent se poser.
Cette année, le canada était à l’honneur pour les 100 ans de sa force aérienne. Nous avons eu droit à la présentation de leur patrouille acrobatique les « snowbirds » sur Canadair CL-41 Tutor. Un CF-188 Hornet en version décorée assurait aussi le show.
Au cœur du spectacle
Un des deux moment spectaculaires du meeting, une démonstration de la Garde Nationale du Wisconsin avec moults hélicoptères, explosions et canonnade. Le second est une « attaque » par les B-25 avec de superbes effets pyrotechniques. Le spectacle est différent chaque jour, au gré des arrivées et des départs. Il commence à 14h30 et se termine vers 16h30 pour laisser des créneaux disponibles aux arrivées et aux départs.
En place pour le Night Air Show
Le mercredi soir et le samedi soir a lieu le Night Air Show. Il commence à 20h00, au moment où le soleil baisse sur l’horizon. C’est le moment de profiter de « l’heure dorée » et des reflets sur les fuselages des avions. Puis quand la nuit tombe, place au spectacle. Un magnifique feu d’artifice illumine le ciel d’Oshkosh tandis des ballets de drones dessinent « Rosie la riveteuse » et autres figures.
Il faut déjà partir
Il est alors temps de quitter les lieux, de se diriger vers les parkings. A proximité, sous une grande tente, un groupe de rock anime la nuit. C’est le moment de partager une bière (avec modération) et un bon hamburger. On se remémore les avions aperçus sur les parkings, les moments d’émotion en évoquant le silence de la foule pendant l’hymne américain. Airventure, ou Oshkosh pour les intimes, est un condensé de l’aviation aux USA avec son esprit de pionnier, sa liberté mais aussi son histoire. Bref, c’est un incontournable. Et pour ceux d’entre vous qui aurait quelque appréhension, l’organisation quasi militaire, la bonne ambiance et la bienveillance des américains devraient vous convaincre de franchir le pas. Alors, pourquoi pas, nous verrons nous une prochaine fois à Oshkosh.
Et pour les plus attentifs d’entre vous, mon prochain article sera sur le musée 😉